La vallée de Kathmandu

Par Flo

Oublions un peu la chronologie et revenons à notre débarquement en terre népalaise.
Nous sommes donc arrivés chez Surendra et Maya, au Dolphin Guest House, qui est maintenant un peu devenu notre maison ici. Dès le lendemain matin, nous avons eu la chance de rencontrer Maryelle ou plutôt Didi (grande soeur) comme l’appelle Surendra, une française du sud ouest qui adore le Népal où elle vient chaque année depuis longtemps. Connaissant presque tous les coins et recoins de Kathmandu, elle nous a pris sous son aile et ce qui devait être une ballade au coin de la rue s’est transformé en 2 jours de visite guidée dans la ville !
Ce fut pour nous une parfaite entrée en matière dans ce pays totalement inconnu et nous remercions une nouvelle fois Didi Maryelle, notre guide préférée, qui a malheureusement du prendre son avion de retour le surlendemain de notre arrivée.

Ainsi acclimatés à l’ambiance locale, nous nous sommes lancés à la découverte du reste de Kathmandu, de ses alentours et de ses innombrables sites religieux, afin de s’imprégner un peu mieux de la vie locale. La visite de la vallée s’est d’ailleurs poursuivie après notre retour de trek…

Avant de continuer, il me faut d’abord revenir sur l’épisode « dents de Marie ». Cette dernière, victime d’une légère douleur dentaire, fut bien effrayée d’apprendre que l’altitude pouvait représenter un danger supplémentaire en cas de carie. Bien décidés a résoudre ce petit désagrément avant notre départ en montagne, nous avons d’abord essayé la voie locale… En se rendant dans le quartier concerné à Kathmandu grâce à Maryelle, nous avons découvert les cliniques dentaires népalaises facilement reconnaissables au bocal rempli de dents en tous genre trônant dans la vitrine ! Pas très encourageant vous en conviendrez… Étape suivante tout aussi incontournable et locale, l’offrande au « Dieu des maux de dents » qui là était à notre portée.
Malgré tout et dans le doute, nous sommes quand même allés voir la clinique américaine où un sympathique dentiste a consenti à charcuter la pauvre Marie pour la modique somme de 120 euros !!! A l’avenir, sachez que l’offrande au Dieu s’avère beaucoup plus économique…

Revenons à notre visite de Kathmandu. Il faut déjà savoir que la vallée du même nom constitue la plus forte densité au monde de sites classés au Patrimoine mondial de l’UNESCO ! Il y a donc fort à faire… Par contre, ils sont aussi considérés comme fortement menacés.
La grande majorité des monuments sont bien sûr d’inspiration religieuse et représentent le meilleur exemple du brassage culturel qui caractérise le pays. Hindouisme (la religion dominante à 80%) et Bouddhisme se côtoient ici depuis toujours et dans une totale tolérance. Beaucoup de lieux de culte sont aujourd’hui partagés par les fidèles des deux « bords », développants même un syncrétisme assez unique (et oui on apprend aussi des nouveaux mots en voyage !).
Loin d’être des reliques abandonnées, tous ces temples restent très fréquentés par toute la population, ce qui rajoute bien sûr à leur charme mais les rend aussi plus fragiles. Encore plus pittoresque, aux fidèles s’ajoutent bon nombre de vaches mais aussi des singes qui profitent des offrandes pour se faire un petit casse-croûte, en toute impunité puisqu’ils sont eux aussi considérés comme sacrés. On leur a même fait une petite piscine spéciale aux abords de l’un des temples !
L’architecture de tous ces lieux est une vraie merveille et les rois des différents royaumes qui composaient autrefois le Népal rivalisaient en la matière pour notre plus grand bonheur aujourd’hui ! Il faut savoir, et ils n’en sont pas peu fiers, que le principe architecturale de la pagode a été inventé ici avant de s’exporter dans le reste de l’Asie.
Il ne faut pas oublier non plus la richesse en matière de sculptures en tous genre dont le pays est très riche ainsi que la qualité de l’artisanat du bois, visible notamment sur les fenêtres sculptées.

Pour éviter une liste trop longue, on ne citera que les endroits qui nous ont le plus marqués.

Swayambhunath (ou Monkey Temple), important temple bouddhique qui domine Kathmandu au sommet d’une colline. La visite se mérite si l’on monte comme les fidèles par l’interminable escalier de plus en plus raide ! Faire le tour du stupa central en tournant les moulins à prière, s’asseoir au soleil couchant en goûtant l’atmosphère qui règne ici et regarder les drapeaux à prière flotter au vent est un vrai bonheur. On a même pu assister à une prière bouddhique dans le gompa, très impressionnant de voir tous ces moines psalmodier au son des cymbales, du gong et des sonneries de trompes…

Pashupatinath, le temple hindou le plus important du pays, construit sur les rives de la Bagmati (rivière sacrée de Kathmandu). C’est là qu’ont lieu la plupart des crémations des défunts, qui se font en plein air le long de la rivière, comme le veut le rite hindou.

Petite parenthèse sur l’hindouisme qui est une religion assez complexe à comprendre notamment en raison du nombres de Dieux et Déesses qui figurent au panthéon. Nous nous sommes contentés d’essayer de retenir les principaux et d’arriver à les reconnaître. Incontournables notamment : Pashupati, à qui ce temple est dédié, qui est une des incarnations de Shiva – comme chacun sait – et Parvati sa shakti (épouse), qui sont particulièrement vénérés au Népal. Citons également l’omniprésent Ganesh, fils de Shiva et Parvati facilement reconnaissable à sa tête d’éléphant, le sympathique Krishna qui n’est autre qu’une incarnation de Vishnu, Hanuman, le Dieu-singe, et le terrifiant Bhairab, autre avatar de Shiva, à ne surtout pas confondre avec Pashupati, le Dieu protecteur… Tout le monde a suivi ?
A noter enfin, la plupart des temples hindous sont interdits aux non-hindouistes, un peu dommage car on ne peut les admirer que de l’extérieur ; le Bhoudisme est sur ce point beaucoup plus tolérant.

Revenons à Pashupatinath où nous avons particulièrement apprécier d’assister à la puja : cérémonie en plein air au coucher du soleil durant laquelle plusieurs prêtres effectuent une gestuelle rituelle coordonnée au rythme de la musique. La foule présente témoigne bien de la grande ferveur populaire ; le tout est vraiment grandiose et assez gai, ce qui tranche avec l’ambiance un peu morbide des crémations.

L’imposant stupa de Bodhnath, le plus grand du pays. Autre lieu important du Boudhisme au Nepal, c’est le lieu de retrouvailles privilégié des nombreux exilés tibétain qui vivent aujourd’hui dans le pays. Se joindre aux déambulations rituelles autour du site est un moment prenant. Là encore, au coucher du soleil, des milliers de fidèles s’y retrouvent pour prier ensemble et bavarder.

Le Durbar Square de Patan. Cette place royale que l’on retrouve dans chaque ville importante de la vallée est réputée la plus riche d’un point de vue architecturale. Patan, pourtant tout près de l’actuelle capitale, était autrefois un royaume à part entière et la beauté de ses temples témoigne de la grandeur des rois Malla.

La vielle ville de Bhaktapur. Autre ancien royaume, là encore tout proche de Kathmandu, est la ville qui nous est apparue la plus authentique. Le fait que la circulation dans le centre ville soit interdite y est sans doute pour quelque-chose.
Flâner et se perdre dans les petites ruelles est un vrai bonheur. On a l’impression de replonger en plein moyen âge avec notamment tous les petits métiers et l’artisanat très présent ici, notamment la sculpture sur bois et le travail du fameux papier népalais (on s’est régalé par exemple à visiter la fabrique du « Peacock Shop », guidés par son propriétaire).

Après la découverte de toutes ces merveilles, et voyant le terme de notre visa se rapprocher, il a fallu se décider à quitter la vallée pour se diriger vers la frontière indienne. Nous aurons une dizaine de jours pour rejoindre Delhi et prendre le vol qui nous ramènera à Hong Kong.